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jeudi 22 septembre 2011

Merde !


Ce matin, les sirènes de la police ont lacéré avec acharnement la fraîche quiètude du avant-9-heures.
Avec insolence, elles ont claqué dans les murs de la cité, mais pourquoi ?
Les enfants n'ont même pas fini de rentrer à l'école, les bureaux ne sont pas  ouverts.
Et puis, la nouvelle est tombée, comme ça, toute fraîche, telle une tranche de rosbeef sous le couteau du boucher...
"Un homme a tiré dans la nuque de sa femmme puis il a retourné l'arme contre lui."

La chappe est tombée, toute droite, d'un coup.
Pendant que les autres se rassemblent pour en discuter, je me claquemurre dans un silence hostile.

Devant tous ces enfants, parents, enseignants, en faut-il du désespoir pour n'en avoir rien à foutre.

Les enfants de la morte sont à l'école. Ils ont 5 et 7 ans. On va venir leur dire que leur mère, ils ne l'a verront plus jamais. Comme ça, d'un coup, elle a disparu, envolée la maman, et ce n'est pas de la magie.
Les autres enfants ? Ceux qui ont vu une femme s'écrouler tout en vomissant une mare de sang ? Les autres ? Comment leur expliquer.
Comment parler du desespoir, comment dessiner l'âme qui s'évapore sans rien dire, comment dire l'amas de noeuds qui tembourine à longueur de temps pour dire, dire et redire encore que plus rien ne compte que l'obsession. Comment alpager la bombe qui maroufle avec soin l'oubli des autres dans ce qu'ils ont de plus précieux: l'innocence, l'enfance.

Je pleure sur le monde oui, je pleure car je ne peux pas dire.
 Je suis choquée, ça s'est passé ce matin, tout près de moi, tout juste, à peine, là.

21 septembre 2011, à Chevilly-Larue. 

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